L'Ut4M, une aventure de rêve autour de Grenoble

Vendredi 19 août 7h00 du matin. Je suis dans le sas de départ de l'Ut4M (Ultra tour des 4 massifs), une ballade de 170km qui traverse les 4 massifs autour de Grenoble : Le Vercors, L'Oisans / Taillefer, Belledonne et Chartreuse pour un total de 11000 mètres de dénivelés. Je suis avec Lionel, Apostolos et Vincent rencontrés l'avant veille du départ. Emilie et Marilyn sont là pour nous encourager :-) L'ambiance est à la décontraction, c'est le premier véritable ultra auquel je participe... Je me suis bien entraîné toute l'année aux Canaries, sur les sentiers de l'Echappée Belle et à la maison.
C'est parti pour l'aventure !
La musique annonce le lancement de l'aventure... Un petit moment d'émotion m'envahit et je commence à courir doucement. J'en profite pour laisser filer mes trois compères qui ont pris un rythme largement plus soutenu. Je discute avec un ch'timi qui participe au challenge, une course de 4 jours qui emprunte un massif par jour. 5km plus tard, on attaque la première difficulté : la montée au Moucherotte (1700d+). On monte dans un sous-bois puis le paysage devient minéral au fur et mesure que l'on grimpe. Au niveau du tremplin de saut à ski on se fait attaquer par des guêpes :-) J'ai évité la piqure de justesse, ce qui ne sera pas le cas de plusieurs coureurs devant moi. Arrivé au sommet, on aperçoit le Mont Blanc et le reste des massifs. Je m'arrête quelques instants pour profiter de la vue, c'est tout simplement magnifique. Je sais pourquoi je suis là.
Une petite descente vraiment cool pour rejoindre le second ravitaillement situé à Lans-en-Vercors pendant laquelle j'ai croisé des trailleurs normands. On double, se re-double... Les ravitos sont une bonne occasion d'échanger avec les bénévoles qui sont très chaleureux, aux petits soins. Je n'ai jamais été déçu par des bénévoles sur d'autres courses mais je dois dire que sur l'Ut4m, ils ont un petit truc en plus. On repart pour une belle montée vers le Pic Saint Michel où s'offre une vue magique ! On sent que nous sommes à flan de montagne, il y a quelques vues vertigineuses. Les sentiers sont plutôt pierreux. On attaque ensuite la première longue descente vers Saint-Paul de Varce qui est plutôt technique et cassante. Elle est interminable et usante... Je suis trop sur la retenue, je n'arrive pas à me relâcher... Bref je casse de la fibre :-) En bas je recharge en eau et repars en direction de la montagne d'Uriol pour rejoindre Vif qui correspond à le fin de Vercors. 9heures de course pour le moment je suis dans les temps. A la base vie, je rencontre Lionel qui me propose de m'aider, je mange un bon plat de pâtes, je m'hydrate, une bonne douche, je me change et je repars après un stop d'une heure direction Laffrey.
Le début du calvaire !
La pente est de retour mais elle est plutôt douce. Au sommet je redescends vers Laffrey. Cette portion sera l'occasion de me rafraîchir régulièrement dans les nombreux points d'eaux disponibles sur le chemin. Je veux éviter un coup de chaud qui m'avait déjà contraint à abandonner l'année dernière sur le format Master. Je commence malgré tout à montrer quelques signes de fatigue. Je décide de dormir 15 minutes sur la pelouse accueillante de ce ravitaillement. Je bois un bouillon avec des vermicelles. Je me sens requinqué pour repartir. La nuit commence à tomber, la fraîcheur avec... J'enfile mon pantalon et je sors ma frontale. Je longe le lac avant de m'engager dans une nouvelle section qui grimpe. Je m'impose un rythme cool mais je cale. J'ai la nausée et je me vide complètement. C'est une sensation très désagréable mais je sens un léger mieux, je continue à grimper... La blague va se reproduire 4 ou 5 fois, je ne me souviens plus exactement. Je repars mais je n'arrive plus à manger et encore moins à boire quelque chose. La spirale infernale est en marche. Je suis à genoux seul dans le noir. J'aperçois de la lumière, on me propose de m'aider mais je fais signe que ça ira. Je ne veux pas avoir d'influence négative sur mes compagnons, c'est déjà dur sans devoir en ajouter. Ils informent tout de même deux militaires qui sécurisent le parcours et qui viennent à ma rencontre. Je m'allonge sur le sol, je sais que je suis en sécurité. Ils me couvrent avec un duvet me voyant trembler. Après quelques minutes, je suis allongé dans une tente, je me sens faible... Un médecin sera là dans quelques minutes pour me donner de quoi me refaire. Mon mental m'a lâché. Je sais que je ne continuerai pas. Quelques minutes plus tard, j'avale la potion, c'est dégueulasse mais efficace puisque j'arrive de nouveau à boire. Je reprends mes esprits, je sors de cette tente. Visiblement j'ai une meilleure mine. Je remercie les deux militaires et nous nous remettons en route pour rejoindre la voiture deux kilomètres plus bas. Les jambes sont là, j'arrive à boire... Je n'ai pas réussi à passer le cap du coup de moins bien, c'est dommage parce je n'ai quasiment aucune douleur aux jambes. Nous arrivons au ravito, c'est calme. Je remercie mes deux sauveurs et j'attends la navette pour rejoindre Grenoble. En sortant je jette un œil sur les frontales qui illuminent le pas de la vache. La lune éclaire la nuit malgré les nuages qui commencent à arriver. Je suis déçu. La navette ressemble à un mouroir, je m'endors, la route me berce.
Le lendemain je me refais la course dans la tête, je ne comprends pas pourquoi je n'ai pas réussi à surmonter cette mauvaise passe d'autant plus que je ne me sens vraiment pas fatigué physiquement malgré les 60km et 4000d+. Il me faudra progresser mentalement pour passer le cap ! La fête n'est pas terminé, Emilie et Marilyn terminent le format Master malgré la pluie battante qui n'a pas cessé d'arroser le parcours. Apostolos terminera le dimanche matin et Lionel empoche la victoire sur le challenge dans la catégorie espoir.
Un grand merci à tous les bénévoles, l'organisation qui travaillent d'arrache pied pour organiser un événement comme celui-ci. J'ai passé de bons moments. Vive la chartreuse, vive le Mojito, vive les bénévoles, Valérie et vive l'Ut4m !